LES ETHNIES LAO  

Lors de recensement de la population en 1995, on dénombre 49 groupes ethniques différents. Les 47 groupes ethniques retenus dans ce recensement figurent ceux qui dépassent 25000 personnes. Mais officiellement, les laotiens sont classés en trois principaux groupes ethniques:

-La famille des Thai-Kadai, désignés par le terme "lao loum" ou lao des plaines, dont fait partie l'ethnie lao proprement dite, parlant laotien. Ce groupe compte environ 60% de la population totale. Il est connu sous le nom préfixé par "Thai" et composé de plusieures ethnies: thai-lao, thai-dam, thai-lu, thai-dèng, thai-khao... On les trouve en général dans la vallée du Mékong et les plaines.

-La seconde famille, celle des Austro-Asiatiques représente 23% de la population totale. Les "lao theung" ou Lao d'en haut sont des proto-indochinois, parlant généralement des langues môn-khmères. Cette famille rassemble 30 groupes ethniques, soit 64% de ceux qui figurent dans le recensement. Le terme "Lao theung" qui désigne cette famille provient du fait qu'ils ont été poussés hors des plaines vers la montagne par l'arrivés des Lao.

-La troisième famille, les "lao soung" ou lao des pentes et des sommets, parlant des langues apparentées au chinois, et qui sont des laotiens des montagnes. Ce groupe compose essentiellement des Méo, des Yao, ko... Ils sont arrivés au Laos au XIXè siècle et n'ont pu s'installer que sur les sommets des montagnes.

 

Sommaire :

1. La mosaïque ethnique
2.
Les Lao Loum
     2.1
Les Lao Thai
     2.2
Les Thai dam
3.
Les Lao Theung
4.
Les Lao Soung
5.
Les autres asiatiques

1. La mosaïque ethnique:

Plus de la moitié de la population se compose de Lao ou Lao Loum. Quant à l'autre partie, elle est représentée entre 10 et 20% par les autres groupes Thaï ( sous-groupes et très proches des Lao Loum ), de 20 à 30% par les Lao Theung (habitants de basse montagne, principalement proto-malais ou môn-khmers) et de 10 à 20% par les Lao Soung (tribus hmong ou mien ‚tablies en altitude).

Le gouvernement préfère une répartition en trois groupes qui englobe les Lao Thaï dans le groupe des Lao Loum. Le pourcentage ainsi obtenu selon le résultat de recensement de 1995 est le suivant: Lao Loum 60%, Lao Theung 23% et Lao Soung 17%. Ces trois groupes sont représentés, en costume national, au verso des billets de 1 000 K, dans l'ordre suivant (de gauche à droite) : Lao Soung, Lao Loum et Lao Theung.

Que recouvrent ces catégories ? Il existe officiellement 68 familles ethniques classés selon divers facteurs (langue, histoire, religion, coutumes, etc.). Différencier ces groupes suivant le seul critère de l'altitude de leur village frise le ridicule, surtout quand on sait combien de tribus se sont vues "invitées" à descendre en plaine depuis 1975.

2. Les Lao Loum:

Les Lao Loum ("Lao du bas") forment la branche ethnique lao dont les membres résident traditionnellement dans la vallée du Mékong ou le long de ses affluents et parlent la langue lao. Il s'agit d'une subdivision de la population austro-thaï que l'on retrouve dans toute l'Asie du Sud-Est, le sud de la Chine et dans le nord-est du sous-continent indien. Selon la classification officielle, ils sont censés résider entre 200 et 400 m d'altitude.

Les Lao Loum ont toujours mené une vie sédentaire reposant sur une économie de subsistance fournie par la culture des rizières inondées (leur variété préférée étant le khao niao ou riz gluant). Comme tous les Austro-thaï, les Lao étaient à l'origine animistes, mais ils ont adopté le bouddhisme Theravada au milieu du premier millénaire de notre ère. La distinction entre Lao et Thaï est relativement récente, d'autant plus que 80% des Lao (ceux qui parlent une langue reconnue comme un dialecte lao) se trouvent aujourd'hui dans le nord-est de la Thailande. Même ceux qui vivent au Laos appellent Thaï différents groupes de Lao Loum comme, par exemple, les Thaï Luang Prabang (Lao de Luang Prabang), les Thaï Pakse (de Pakse), les Thaï Taï (du sud du Laos) et les Thaï Neua (du nord du Laos, ce qui prête à confusion car les universitaires désignent par ce nom une tribu thaï).

2.1 Les Lao Thaï:

Il s'agit de sous-groupes Thaï étroitement liés à la famille Lao, mais de tempérament plus "tribal" ; ils ne se sont en effet pas laissés absorber par la culture lao et ils forment de petits groupes distincts. Comme les Lao Loum, ils vivent le long des vallées fluviales, mais préfèrent souvent les hauteurs aux plaines inondées du Mékong.

Les Lao Thaï cultivent aussi bien le riz de plaine irriguée que le riz de colline. Certains pratiquent encore l'essartage. La plupart d'entre eux ont refusé de se convertir au bouddhisme ou au christianisme, préférant conserver le culte des esprits. Pour marquer la différence entre les Thaï siamois et les autres groupes austro-thaï, quelques spécialistes lao anglophones utilisent l'orthographe "Tai" qui les recouvre tous.

2.2 Les Thaï Dam:

Classés dans le groupe Lao Loum, les Thaï Dam (Thaï noirs), vivent sur les plateaux au nord et à l'est du Laos et forment la principale tribu lao-thaï. Bon nombre d'entre eux, arrivés de Dien Bien Phu dans les années 50, habitent la province de Vientiane. Selon leur système de caste, ils se divisent en trois classes : les phu thao (anciens), les maw (prêtres) et les phu noi (les autres gens). De tous les groupes lao-thaï, les Thaï Dam sont ceux qui ont le mieux conservé leurs traditions. Il existe d'autres groupes Thaïs comme: Thaï Dèng (rouge), Thaï Khao (blanc) ...

Depuis son arrivée au Laos (XIè et XIIIè siècle), les Lao loum ont toujours eu une position dominante. Ils se sont installés dans les plaines cultivables le long des fleuves. Une grande partie du pouvoir politique , de l'armée et de l'administration est composée de Thaïs-lao ou Lao, bien que le gouvernement s'attache à une intégration des minorités nationales.

Du fait de leur situation géographique et leur isolation, les groupes ethniques minoritaires n'ont que peu d'accès à la scolarisation et donc le pourcentage d'analphabétisation est encore très élévé. Ceci explique une partie de leur faible intégration.

3. Les Lao Theung:

Apparentés aux Austro-asiatiques, les Lao Theung (Lao d'en haut) vivent dans les montagnes de moyenne altitude (entre 300 m et 900 m). Ils se divisent en sous-groupes, le plus important étant celui des Khamou, suivi par celui des Htin, puis celui des Lamet.
On trouve quelques Laven, Katu, Katang, Alak et autres groupes de la branche môn-khmère dans le Sud. Les Lao Theung sont parfois péjorativement appelés khàa, ce qui signifie esclave ou serviteur, parce qu'ils ont servi de main-d'oeuvre aux populations d'immigrés thaï il y a plusieurs siècles et, plus récemment, durant la monarchie lao. Aujourd'hui, ils travaillent encore souvent au service des Lao Soung. Les Lao Theung ont un niveau de vie nettement inférieur à celui des trois autres groupes. Les échanges entre les Lao Theung et les autres Lao reposent généralement sur le troc.

Les Khamu, les Htin et les Lamet se servent peu d'outils métalliques. La plupart des Khamu dont on dénombre huit sous-groupes sont originaires du district chinois de Xishuangbanna (Sipsong panna en lao), dans la province du Yunnan ; ils sont aujourd'hui présents dans les neuf provinces du Nord. Pratiquant généralement la culture sur brûlis, ils vivent du riz des collines, du café, du tabac et du coton. Leurs villages sont installés près des cours d'eau supérieurs. Leurs maisons sont posées à même le sol, comme celles des Hmong, mais les toits sont soutenus par des poutres croisées, similaires aux kalaen du nord de la Thailande (localement appelés kapkilaak).
De tradition animiste, la plupart de ceux qui vivent à proximité des Lao se sont toutefois convertis au bouddhisme Theravada et quelques-uns sont chrétiens. De nombreux Khamu croient que le corps abrite entre 30 et 300 esprits. Même le riz en contient plusieurs, qui sont associés et célébrés cérémonieusement lors du rituel annuel du sou khouan khao, fête basi spécialement dédiée au riz.

Les Htin (prononcer "Tin"), très nombreux dans la province de Sayaboury, vivent de la chasse, de l'élevage et de quelques cultures. Le métal étant tabou dans leur culture, pratiquement tous les objets quotidiens sont fabriqués à partir de bambou. Les Htin se désignent sous le nom de Phai alors que la plupart des Lao les appellent Kha Phai.
Les Htin et les Khamu parlent des langues très proches et ils auraient été présents au Laos avant l'installation des Lao Loum et des tribus thaï ou lao soung.

Les autres tributs classées dans ce groupe sont: Ta hoy, Lavé, Lavèn, Nha heun, Nfè, Ta rieng, Alak, Katan, Tariéou, Phou, Ka sèng, Kui, Katu etc..

Les Lao theung sont les premiers habitants du pays. Leurs tributs sont éparpillées dans tout le pays. Ils n'ont pas d'écriture et sont engénéral animistes. Refoulés par les Lao sur les hauteurs et les terres inhospitalières, leur survie reste difficile. Ils pratiquent la culture sur brûlis et des cueillettes. Depuis quelques années, les autorités lao essayent de les persuader de descendre dans la vallée pour qu'ils cultivent le riz en rizières.

4. Les Lao Soung:

Les Lao Soung regroupent les tribus des montagnes vivant à plus de 1 000 m d'altitude. Venue du Myanmar, du Tibet et du sud de la Chine au cours du siècle dernier, c'est l'ethnie la plus récemment immigrée au Laos. Le groupe le plus important compte environ 200 000 Hmong, ou Meo, divisés en Hmong blancs, rayés, verts et noirs (les couleurs dépendent de certains détails de leurs vêtements). Leur langue est une branche des langues sino-tibétaines et assez proche des dialectes chinois du sud.
On les trouve dans les neuf provinces du Nord, ainsi que dans le Bolikhamsai au centre, mais plus particulièrement dans les provinces de Hua Phan, de Xieng Khouang et de Luang Prabang. Le maïs et le riz constituent la base de leur agriculture. Ils élèvent des bovins, des cochons, des kérabaus et des poulets. L'économie repose en grande partie sur le troc, le fer étant la monnaie d'échange. Leur principal revenu est assuré par l'opium.
Ils sont très facilement reconnaissables par leurs costumes colorés et les bijoux d'argent que portent les femmes.

 
Les jeunes Hmongs pendant leur fête traditionnelle.

Les Mien (ou lu Mien, Yao ou Man) forment le second plus grand groupe. On en dénombre de 30 000 à 50 000, vivant principalement dans les provinces de Luang Nam Tha, Luang Prabang, Bokeo, Oudomxai et Phongsaly. Si les Mien et les Hmong partagent de nombreuses caractéristiques, ils se marient rarement entre eux. Les deux groupes sont principalement animistes. Les Mien cultivent également le pavot. Les Hmong ont été choisis et entraînés par la CIA pour servir le gouvernement royal sous les ordres du général Vang Pao dans les années 60 et 70. De très nombreux Hmong et Mien ont quitté le pays après la révolution de 1975. Bon nombre d'entre eux ont suivi l'exemple de Vang Pao, installé en Californie. Selon les estimations, 50 000 Hmong vivent actuellement aux Etats-Unis, 8 000 dans d'autres pays. Approximativement 2 000 émigrés sont rentrés au Laos depuis 1991. Parmi les plus petites tribus d'origine tibéto-birmane, citons les Lisu, les Lahu, les Lolo, les Akha et les Phu Noi. Ces derniers sont parfois regroupés sous la désignation Lao Theung car, bien qu'occupant les montagnes du Nord, comme les Hmong et les Mien, ils vivent à des alti-tudes légèrement inférieures.

Les autres ethnies comme les Yao, Ho, Lolo, Mouseu, Lenten, Ko fait partie de ce groupe. Ils ne possèdent pas décriture et se servent d'idéogrammes chinois. Leur système social accorde une très grande place aux chamans, personnes capables de communiquer avec l'au-delà. Certains d'entre eux croient à la réincarnation avec changement de sexe.

5. Les autres Asiatiques:

Depuis des siècles, les commerçants chinois viennent s'installer au Laos comme partout ailleurs en Asie du Sud-Est. La plupart arrivent directement du Yunnan, mais depuis quelque temps, beaucoup passent par le Vietnam. Selon les estimations, ils représentent entre 2 et 5% de la population. La plupart des commerces de Vieritiane et de Savannakhet sont tenus par des Chinois. Des milliers d'immigrés temporaires chinois du Yunnan travaillent comme ouvriers agricoles dans le Nord. Depuis ces deux dernières années, on assiste à l'arrivée massive de Singapouriens et de Taiwanais qui viennent assurer la construction et la gestion des hôtels. Depuis le rapprochement lao-thailandais de la fin des annaes 80, les Thailandais sont très nombreux à passer la frontière. Ils n'effectuent souvent au Laos que de courts séjours pour affaires ou pour participer à des programmes de développement ou de formation.

A Vientiane, on dénombre également un petit nombre d'indiens du Nord et de Pakistanais, tailleurs et marchands de tissu pour la plupart. Cette communauté semble constituer une grande partie du personnel des Nations unies (avec les Bengalis et les Birmans). Le Sud du pays accueille un certain nombre de Cambodgiens, généralement employés comme routiers ou passeurs au service des échanges licites et illicites entre le Laos, le Cambodge et la Thailande. Certains membres cambodgiens des comités régionaux, à l'instar de la commission du Mékong, vivent également à Vientiane. Une communauté vietnamienne, principalement composée de commerçants et d'hommes d'affaires, est par ailleurs installée dans les provinces frontalières ainsi qu'à Vientiane, Savannakhet et Pakse.